Les chaufferettes aux pellets au secours des vignes

Les chaufferettes aux pellets ont fait leur apparition dans les vignes. Ces chaufferettes antigel alimentées par des granulés de bois permettent de réchauffer l’air afin d’éviter le gel pour préserver la vigne.

Les chaufferettes, un nouvel usage pour les granulés de bois ? Dans plusieurs vignobles français, les chaufferettes au fioul ou au gaz sont peu à peu remplacées par des chaufferettes au bois. Pour présenter cette nouvelle utilisation des granulés de bois par les vignerons, nous avons interviewé Damien Caunègre, chef de produit bois chez ALVEA, filiale de proximité de TotalEnergies.

Bonjour Damien, pour commencer pouvez-vous nous expliquer à quoi servent les chaufferettes ?

L’objectif des chaufferettes aux pellets, c’est de sauver les récoltes en les préservant du gel tardif. En effet, au printemps, la température se réchauffe et les premiers bourgeons commencent à apparaître. Mais ces bourgeons ne peuvent pas résister à des températures inférieures à -2 ou -3 °C. Au-delà, le froid risque de brûler les bourgeons et donc de faire perdre potentiellement toute la récolte. L’utilisation des chaufferettes permet de réchauffer l'air ambiant autour des vignes pour essayer d'empêcher une chute des températures trop importante.

Comment les vignerons s’y prennent-ils pour réchauffer l’air ?

Certains vignerons brûlaient des bottes de paille, mais la technique la plus répandue c’était les bougies de paraffine. Ces bougies étaient posées dans des boîtes métalliques disposées sur l'ensemble de la parcelle. Sur le même principe, ils utilisaient aussi des chaufferettes au fioul et des chaufferettes à granulés de bois. Les chaufferettes aux pellets avaient été un peu délaissées, et elles ont finalement refait leur apparition dernièrement.

Combien de chaufferettes faut-il installer sur une parcelle pour réchauffer l’air efficacement ?

Pour une parcelle entière, il faut installer des chaufferettes à peu près tous les 10 mètres, un rang sur deux. Cela permet de gagner de 2 à 3° C et d’éviter le gel de la vigne. L’idée est d’essayer de mettre en place un système pour réchauffer l'air ambiant capable de remplacer le système de chauffage avec les bougies à base de paraffine, qui est un produit pétrolier. Le granulé de bois est un combustible plus vertueux.

Faut-il tout allumer à la main en début de soirée pour réchauffer l’air ambiant ?

Lors des épisodes de froid, les viticulteurs gardent les yeux rivés sur le thermomètre. Ils sont dehors et attendent. Ils se tiennent prêts à allumer chaque chaufferette à la main en cas de chute des températures. C’est donc un procédé assez contraignant, qui nécessite du temps et des moyens humains pour allumer chaque chaufferette de la parcelle. Le coût financier est donc assez important pour les vignerons mais c’est le prix à payer pour sauver leur récolte.

Quelle quantité de combustible est nécessaire pour faire fonctionner une chaufferette à bois ?

Il faut compter à peu près 2 sacs de granulés de 15 kilos par chaufferette pour une nuit de chauffe, avec une autonomie d'à peu près 8 à 12h. En sachant qu'il faut compter 200 à 250 chaufferettes par hectare de vigne, cela représente entre 6 et 7,5 tonnes de pellets par nuit par hectare.

En tant que fournisseur de pellets, réussissez-vous à répondre à la demande des vignerons ?

La difficulté qu’on rencontre sur ce marché, c'est que les viticulteurs ne peuvent pas anticiper leurs besoins. Ils ne peuvent pas se permettre de faire rentrer des tonnes de granulés sans être sûrs qu’ils en auront l'utilité. C’est pourquoi ils ne commandent que lorsqu’ils sont sûrs qu’il y aura du gel ou presque. Alors quand ils ont besoin de pellets, il faut être très réactifs de notre côté ! Les viticulteurs nous appellent le matin et il faut livrer les palettes de pellets dans l'après-midi.

Avec des commandes passées au dernier moment et des tonnages aussi importants, réussissez-vous à fournir tout le monde ?

L'avantage, c'est qu'on a pas mal de dépôts de stockage, dont certains peuvent stocker jusqu’à 300 palettes. On a aussi la chance d’avoir des producteurs à proximité, donc même si on a une grosse commande qui arrive subitement, on arrive toujours à répondre à la demande.

Pensez-vous que l’usage des pellets pour les chaufferettes va se développer ?

On pense que ça peut se généraliser davantage oui, étant donné que le prix des bougies de paraffine a plutôt tendance à augmenter et que les viticulteurs doivent avoir des solutions pour ne pas voir dépérir leur récolte. Je pense donc qu’ils vont essayer d'investir dans des chaufferettes à granulés de bois, pour des raisons économiques mais aussi écologiques. Les granulés de bois présentent un intérêt environnemental par rapport aux chaufferettes au fioul et aux bougies de paraffine.

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